LE TELEGRAMME : le jeu pris davantage au sérieux
Les ludothécaires bretons, réunis à Cavan pour trois jours de formation, constatent un développement de leur métier, qui contraste avec la sinistrose ambiante.
« La crise crée des fragilités et les ludothèques interviennent pour tisser des liens », affirme Cindy Piété, vice-présidente de l'Association des ludothèques françaises (ALF). Ses consoeurs ludothécaires, réunies à Cavan pour trois jours de formation, sont unanimes sur les valeurs de respect, d'écoute et de partage liées à leur engagement.
Des sollicitationsen hausse
Leurs antres, consacrés au jeu sous toutes ses formes, poursuivent leur essor. Sandie Crampon, fondatrice et salariée de la ludothèque du Trégor, est même un peu dépassée par l'abondance des sollicitations. Avec sa collègue, Céline Leblanc, et une dizaine de mères de famille bénévoles, elles assurent sept heures d'ouverture hebdomadaires au grand public, ainsi que des ateliers à destination des enfants des crèches et des écoles, de même que des pensionnaires des maisons de retraite et des malades des hôpitaux.« La ludothèque du Trégor compte 180 familles adhérentes, qui habitent de Plougrescant à Perros-Guirec, en passant par Pédernec », détaille Sandie Crampon, qui propose également une ludomobile pour parcourir les villages trois fois par mois.Avec les ludothèques de Ploumagoar, Belle-Isle-en-Terre, Perros-Guirec et Lannion, celle de Cavan fait partie d'un réseau, qui se densifie.
D'ici à 2018, deux antennes délocalisées de la ludothèque cavannaise pourraient ainsi voir le jour dans le pays de Beg ar C'hra et dans la communauté de communes du Haut-Trégor. On compte actuellement environ quatre-vingts ludothèques en Bretagne, dont plus d'un quart dans les Côtes-d'Armor.
Des compétencesnon reconnues
Mais si les familles assimilent progressivement que les ludothèques sont plus que des banques d'emprunt, des combats restent à mener.Les salaires restent bas, proches du Smic et inférieurs à ceux des bibliothécaires. « Les compétences sont les mêmes. Il reste du chemin à faire mais on y arrivera », croit Marie-France Evin, présidente de l'ALF Bretagne.À Bordeaux, Cholet et Paris XIII, des parcours universitaires existent, donnant une reconnaissance au métier de ludothécaire, auquel s'intéressent de plus en plus d'hommes. Le temps des pionnières des années 1970 et 1980, qui ont inventé le métier sur le tas, est révolu.
- Sylvain Ernault
Photo : Cindy Piété, vice-présidente de l'Association des ludothèques françaises, Rolande Filion, formatrice à l'origine de la classification des jeux Esar, Sandie Crampon, responsable de la ludothèque du Trégor à Cavan et Marie-France Evin, présidente de l'ALF Bretagne.